Dans la Grèce antique, l’au-delà se composait de trois royaumes distincts. Quand on mourait, une pièce était placée dans sa bouche pour payer Charon le passeur pour qu’il fasse traverser le Styx à l’âme. Cette pièce n’était pas exactement un « paiement » mais un signe de respect entre l’âme et les dieux – plus la valeur de la pièce était grande, meilleure était la place de l’âme dans le bateau de Charon.
Une fois l’âme de l’autre côté, on passait devant le chien à trois têtes Cerbère et on se tenait ensuite devant les trois juges pour rendre compte de la vie qu’on avait vécue. Une fois l’histoire racontée, et comme les juges le conféraient, on donnait une coupe d’eau de la rivière Léthé, les eaux de l’oubli, et on oubliait sa vie antérieure sur terre.
Les juges assigneraient alors à l’âme un lieu : si vous aviez été un guerrier mort au combat , vous vous rendiez aux Champs Elysées qui étaient un paradis ; si tu avais été une bonne personne, tu allais à la plaine d’Asphodèle, agréable aussi ; si vous aviez été une mauvaise personne, alors vous êtes allé dans les ténèbres du Tartare où l’âme est restée jusqu’à ce qu’elle ait expié les péchés de sa vie.
Aucune âme n’a été « condamnée à la damnation éternelle ». L’âme du Tartare pourrait s’élever jusqu’à la plaine d’Asphodèle avec le temps. Comme dans les cultures de la Mésopotamie et de l’Égypte, on ne s’attendait pas à ce que les âmes reviennent sur terre pour quelque raison que ce soit, mais parfois elles le faisaient quand même. Ce même paradigme de base a été adopté par la culture romaine qui avait une croyance beaucoup plus profonde dans les fantômes que les Grecs.
Dans la comédie Mostellaria (La Maison hantée), le dramaturge romain Plaute raconte comment un riche marchand athénien nommé Théopropide part pour affaires et laisse l’exploitation de sa maison à son fils Philolaches. Philolaches voit l’absence de son père comme une opportunité de profiter pleinement de la vie au lieu de prouver qu’il est un intendant responsable et emprunte une grosse somme d’argent pour acheter la liberté d’une esclave qu’il aime. Il dépense alors encore plus d’argent pour organiser une grande fête pour ses amis chez son père.
Tout va bien pour Philolaches jusqu’à ce que son esclave, Tranio, lui dise qu’il vient d’apprendre que Théopropide revient inopinément de son voyage et sera bientôt à la maison. Philolaches panique, ne sachant que faire de ses invités ni comment il expliquera ses énormes dépenses, mais Tranio lui assure que tout ira bien. Il enferme Philolaches et ses invités dans la maison et rencontre Théopropide à l’extérieur, lui disant qu’il ne peut pas entrer car la maison a été trouvée hantée.
Il raconte à Théopropide qu’un fantôme est apparu à Philolaches dans un rêve, au cœur de la nuit, alors que les torches étaient encore allumées, et l’a informé qu’il avait été assassiné dans la maison il y a longtemps par un de ses vilains hôtes qui l’ont tué pour son or.. Tranio dit en outre que le cadavre de l’homme assassiné est toujours caché dans la maison et qu’il est dangereux pour quiconque d’entrer.
Théopropide croit l’histoire sans aucun doute et désespère de l’endroit où il vivra maintenant. Un prêteur se présente alors, exigeant le paiement du prêt contracté par Philolaches pour acheter la jeune esclave, et Tranio explique que cela a été fait pour acheter la maison d’à côté puisque l’ancienne maison de Théopropide est maintenant inhabitable.
Même lorsque Théopropide va à côté et parle à Simo, le propriétaire de la maison, qui nie l’avoir vendue à Philolaches, Théopropide ne montre toujours aucun signe de doute sur l’histoire des fantômes.
(Source : World History)