« Notre région n’est pas plus dense qu’une autre pour ces faits étranges », relativise tout de même René Descazeaux, adjoint à la culture à Orthez. Passionné d’histoire locale, l’élu est l’auteur de plusieurs ouvrages, et notamment du « Livre de l’insolite du Béarn des gaves », où il compulse une vingtaine de légendes. « Ce sont des événements datables et souvent relatés par des personnes fiables, ce qui laisse penser que ces faits ont eu lieu, même s’ils ont sans doute été grossis », poursuit-il.
Le pont de la Légende
Dans ce tour d’horizon des phénomènes inexpliqués, la première étape se déroule à Sauveterre-de-Béarn. Nous sommes en 1170, et Gaston V vient de mourir. Son épouse Sancie, fille du roi de Navarre, est accusée de sorcellerie et d’adultère car elle vient de mettre au monde un enfant mal formé. « Elle est donc soumise au jugement de Dieu par l’eau et jetée du pont de Sauveterre, pieds et poings liés », raconte René Descazeaux.
Mais Sancie va surnager malgré les bouillonnements du gave. Et les nombreux pèlerins qui assistent à cette scène réclament finalement qu’elle soit sanctifiée. Véhiculée par les pèlerins, cette histoire a traversé les siècles. Jusqu’à aujourd’hui, où l’on nomme cet édifice le pont de la Légende.
Partons désormais pour Lucq-de-Béarn, où se trouve la plus ancienne abbaye du secteur. C’est là qu’en 1610 des femmes sont prises d’un mal étrange qui provoque chez elles des aboiements à chaque passage devant l’église. « Médecins, sorciers et même exorcistes sont convoqués, mais rien n’y fait », détaille l’élu orthézien. On se souvient alors de la présence d’un ancien ermite dans le village : le père Olgiati. Il présente les reliques de saint Charles Borromée, qu’il a rapportées d’Italie, et les femmes cessent tout à coup d’aboyer.
Les guérisons d’Abet
Passons désormais par Lahontan, où se trouve le sanctuaire d’Abet. Dans quelques jours, le 8 septembre exactement, on y célébrera la nativité de la Vierge. Le sanctuaire, « discret », est attesté en 1472, mais il serait bien plus ancien. Les templiers auraient utilisé ce refuge positionné sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle avant d’être éliminés par Philippe le Bel. Dans ce sanctuaire, une Vierge noire « au visage fin » trône. « Elle est toujours passée pour miraculeuse », précise encore René Descazeaux. Les Basques du secteur de Saint-Palais, mais aussi les Béarnais, y organisent de nombreux pèlerinages. « Et, vers 1880, deux personnes assurent avoir vu des milliers de béquilles sous la tribune », ajoute l’élu érudit.
Aujourd’hui, ces béquilles ont bien sûr disparu, mais de nombreux jeunes couples continuent à se marier au sanctuaire d’Abet.
(Source : Sud Ouest)
Il y aura toujours des choses bizarres mais que nous manquons de connaissances pour l’expliqués