Le collectif Stihia Beyond s’apprête à envoyer ses plus belles pistes musicales à destination des extraterrestres. Mais il faudrait attendre 124 ans pour que l’exoplanète K2-18b réceptionne le message.
E.T., District 8, Allien : depuis des décennies le contact avec des extraterrestres nourrit les fantasmes des cinéastes, scientifiques et amateurs du ciel et de l’espace. Cette fois, c’est Stihia Beyond, un festival de musique électronique, arts et sciences qui tente de faire danser les habitants d’une exoplanète. Le projet participatif a vu le jour en Ouzbékistan.
Une sélection musicale locale et internationale a été préparée pour être transformée sous forme de code binaire, comme dans un ordinateur, pour pouvoir être envoyées dans l’espace via une station de radio satellites installée au Royaume-Uni, à destination de l’exoplanète K2-18b.
«Le signal commencera son voyage depuis Cornwall, en utilisant l’un des radiotélescopes les plus puissants au monde», selon le site officiel du collectif. La note musicale a été envoyée mardi 4 octobre.
Vers l’infini et au-delà
L’objectif ultime est l’exoplanète K2-18b et son étoile, situées à 124 années-lumière de la Terre. C’est-à-dire qu’il faudrait atteindre 124 ans pour que le message arrive sur place, comme le rappelle le site de France Info.
«Il y a peu de chance qu’elle soit captée par une autre civilisation mais c’est comme envoyer une bouteille à la mer pour montrer qu’on est là», explique à Libération Eric Lagadec, astrophysicien spécialiste des poussières d’étoiles à l’Observatoire de la Côté d’Azur.
Et même si une intelligence extraterrestre arrivait à comprendre et à répondre à ce message, la réponse n’arriverait que d’ici 248 ans, au plus tôt.
Pourquoi cette planète et pas une autre ? La distance entre cette planète et son étoile est comparable à celle de la Terre au Soleil.
Et cela fait penser qu’il peut y avoir de la vie. Mais la réalité peut être plus complexe que ça.
«Au début, on pensait qu’il y avait de l’eau, ce qui n’est pas complètement exclu. Mais une réanalyse des données disponibles à l’aide des modèles différents montre qu’il s’agirait principalement de méthane», précise Eric Lagadec, qui confesse qu’à leur place, il aurait plutôt choisi une exoplanète à 39 années-lumière, afin «d’espérer une réponse plus rapide».
Une action symbolique
Plusieurs tentatives de rentrer en contact avec les extraterrestres ont eu déjà eu lieu. En 1974, par exemple, le message «Arecibo» avait ciblé un amas d’étoiles situé à 22 000 années-lumière de nous. Mais cette mission est avant tout symbolique.
«Cette fois, ça se passe en Ouzbékistan. C’est aussi une manière de rappeler que les Arabes et les Perses ont fait des choses très importantes pour les sciences, en particulier l’astronomie», déclare le spécialiste de poussière d’étoiles. «Au XVe siècle, l’observatoire de Samarcande [Ouzbékistan] était l’un des plus modernes de son temps», poursuit-il.
En outre, cette expérimentation permet de soulever des questions philosophiques qui restent sans réponse : que ferait-on si on rencontre une civilisation extraterrestre ? Sera-t-elle plus avancée que nous ?
«L’une des principales difficultés est qu’on ne connaît pas la durée de vie d’une civilisation et si on n’a pas encore eu contact avec des extraterrestres, c’est probablement parce qu’une civilisation avancée est capable de s’autodétruire. Tout comme ce qu’on est en train de faire actuellement.»
(Source : Libération)