Plongez au cœur d’un village fantôme (vidéo)

Un village sidérurgique placé au centre de la Bretagne et au cœur d’une forêt de 3 000 hectares, qui a hébergé jusqu’à 110 personnes, une école, une chapelle, une cantine…

Bienvenue aux Forges des Salles, à Perret, un site vieux de près de quatre cents ans, bâti à cheval sur les Côtes-d’Armor et le Morbihan.

Il y a bien longtemps que la fonte en fusion ne sort plus des hauts-fourneaux des Forges des Salles à Perret. Pourtant, un siècle et demi après l’arrêt de l’activité sidérurgique sur place, l’histoire continue.

Un village parfaitement conservé et à l’architecture « incroyablement harmonieuse », insiste Emmanuelle de Trogoff, l’épouse de Stéphane du Pontavice, dont la famille est propriétaire du site depuis 1802.

110 habitants dans le village

Au cœur des années 1850, au moment de l’âge d’or des Forges des Salles, 500 tonnes d’acier y étaient produites tous les ans et 110 personnes vivaient ensemble dans le village sur 3,5 ha. Une mini-société composée de forgerons, de contremaîtres, d’un maître des forges, de tenanciers de bar, d’une institutrice, d’un maréchal-ferrant, d’une infirmière…

« Il n’y a que le cimetière qui n’était pas ici », relate Emmanuelle de Trogoff. 

Vaincues par la concurrence anglaise, les forges ont fermé en 1878, mais de nombreux habitants sont restés.

« L’école est restée ouverte jusqu’en 1969 et le dernier habitant est parti en 1995 », détaille la propriétaire.

À l’exception de l’imposante maison du maître des Forges (occupée par la famille Pontavice), toutes les habitations et bâtiments de l’époque sont désormais vides, mais toujours debout. Car depuis 1990, épaulés par l’association des Amis des Forges, les propriétaires ont entrepris de rénover, puis d’ouvrir aux visiteurs, ce lieu dont les murs les plus anciens datent du XVIIe siècle.

La vie de château, ce n’est pas ce que l’on croit

Un travail colossal, réalisé en famille.

« Tout l’argent des visites est réutilisé pour la rénovation et l’entretien », précise Emmanuelle de Trogoff, avant d’ajouter, en souriant : « On aime bien, mais c’est quand même un truc spécial. La vie de château, ce n’est pas ce que l’on croit : tout ne vous tombe pas tout cuit dans le bec ».

De Pâques à novembre, trois guides font découvrir aux visiteurs la vie des forges et ses particularités, sociales notamment.

« Ils avaient cent ans d’avance ici. Quand vous travailliez aux Forges, votre famille était logée gratuitement à vie. Le chauffage et l’école étaient aussi pris en charge. Et tout le monde avait une vache, une poule ainsi qu’un jardin potager », loue Emmanuelle de Trogoff, avant de poursuivre : « L’ascension sociale pouvait être incroyable : deux enfants de forgerons sont devenus maîtres des forges après avoir été formés au métier d’ingénieur ».

Bientôt des mariages et des séminaires

Autre spécificité de l’endroit : sa localisation géographique, à cheval sur deux départements. Le ruisseau des forges sépare en effet les Côtes-d’Armor du Morbihan. C’est du côté costarmoricain qu’ont été bâtis la demeure du maître des forges, la chapelle, le quartier des contremaîtres ou encore celui des artisans. Côté morbihannais, le visiteur retrouve la rangée de onze habitations qui accueillaient les forgerons, mais également la cantine, la grande halle servant à entreposer le minerai, le lavoir ou encore le haut-fourneau. 

Ce particularisme vaut aujourd’hui à la famille Pontavice de payer des impôts dans les deux départements, mais également d’être accompagné dans les rénovations soit par l’architecte des bâtiments de France des Côtes-d’Armor, soit par celui du Morbihan.

Car les travaux rythment la vie des lieux depuis bientôt deux décennies. Et le chantier est loin d’être achevé. Après avoir refait la charpente et la toiture de presque tous les bâtiments, les propriétaires – qui ont ouvert deux gîtes dans d’anciennes maisons du village – projettent notamment de rénover les habitations des forgerons, afin d’accueillir des mariages ou des séminaires.

« Dans trente ans, ce village sera exactement le même, mais plus beau », conclut Emmanuelle de Trogoff.

(Source : Le Télégramme)

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