Sur les 7 000 langues parlées sur notre planète, 50% pourraient cesser d’exister d’ici la fin du siècle selon le CNRS. Parmi elles, la langue bretonne.
La langue bretonne pourrait disparaître
*Guillaume Jacques est chercheur en linguistique au CNRS. Pour lui, la langue bretonne est menacée de disparition, et la diversité linguistique aussi, voici pourquoi. *
En Bretagne, un écart générationnel
Sur 3 340 400 habitants en Bretagne, 207.000 parlent le breton. Selon une étude menée par la Région Bretagne, l’âge moyen de ceux qui parlent le breton est de 70 ans. En Bretagne, seulement 3 % des étudiants sont dans des écoles bilingues, contre 45 % au Pays basque ou 16 % en Alsace.
Maïlys Princé est étudiante et créatrice de contenu en langue bretonne.
“C’est à nous de sauver la langue bretonne. Il n’y a pas assez de gens qui parlent breton et du coup il n’y a pas assez de travail en langue bretonne. Pourtant, je pense qu’il y a une vraie demande au niveau de l’emploi en breton dans les écoles”, assure-t-elle.
“Je ne trouve pas ça normal en fait que le breton ne soit pas proposé comme langue d’initiation au même titre que l’anglais alors qu’en fait c’est la langue du pays, c’est la langue régionale”, déplore la jeune femme.
La diversité linguistique mondiale menacée
Le breton est loin d’être une exception. Sur les 7 000 langues parlées sur notre planète, 50% pourraient cesser d’exister d’ici la fin du siècle selon le CNRS, dont les chercheurs constituent une arche de Noé des langues pour qu’elles ne tombent jamais dans l’oubli.
“Nous allons observer au XXIe siècle un effondrement sans précédent de la diversité linguistique dans le monde. Les trois principales causes étant l’hégémonie culturelle, la colonisation notamment dans des pays comme le Brésil et aussi le réchauffement climatique parce que les régions qui ont la plus grande diversité linguistique au monde sont également celles qui sont le plus menacées par le changement climatique”, affirme Guillaume Jacques.
“Il y un espoir, ténu, mais ça dépend de la volonté des locuteurs, ça dépend des décisions des hommes politiques et ça dépend de l’intérêt du grand public”, conclut-il.
(Source : Brut)
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La langue bretonne est classée parmi les langues «sérieusement en danger» par l’Unesco, ce n’est pas très réjouissant, mais il y a bien pire heureusement. Le breton ne devrait pas disparaître, mais la question de sa transmission se pose toute de même. Il y a eu une étude en 2018 qui a donné des chiffres de plus de 200.000 locuteurs actifs, auxquels il faut ajouter les enfants scolarisés en langue bretonne (un peu moins de 20.000 tous les ans).
L’avenir n’est donc pas si sombre, et il suffirait que l’Etat cesse de mettre des bâtons dans les roues de la langue bretonne pour que celle-ci se porte bien mieux. Il y a une véritable demande sociale pour plus de langue bretonne à l’école, dans les médias, et dans la vie publique.
Comme on dit en breton,
Gant an esperañs e vev an den
Gant an dizesper ne ra den.
(C’est avec l’espérance que vit l’homme, avec le désespoir personne.)